LA POLYNÉSIE

L’histoire du peuplement de la Polynésie est le récit d’un long voyage, d’une épopée maritime. D’audacieux marins ont traversé le Grand Océan sur des pirogues. Experts dans l’art de la navigation, ils franchirent le « continent bleu » pour y trouver des terres où arrimer leur civilisation. Analyser ces migrations, c’est mieux comprendre l’étendue géographique et culturelle de la pratique du tatouage dans le Pacifique Sud, les singularités propres à chaque archipel, mais surtout les extraordinaires similitudes et ressemblances que l’on peut retrouver entre les motifs et les symboles ornants les corps des Polynésiens.

Chez les hommes des Îles de la Société, des Tuamotu et d’Hawaï, la partie la plus tatouée est le torse ; en Nouvelle-Zélande et aux Samoa le visage et les jambes. Aux Marquises, ainsi que Pâques, c’est le corps tout entier qui est couvert de tatouages.

LÉGENDE POLYNÉSIENNE

Selon la légende, l’origine du tatouage serait divine, inventée par les deux fils du dieu Ta’aroa : Mata Mata Arahu et Tu Ra’i Po. Les deux fils souhaitaient séduire Hina Ere Ere, la fille du premier homme. Pour se faire, ils inventèrent le tatouage et se recouvrèrent du motif Tao Maro Mata. Après l’avoir enlever du lieu où elle était faite prisonnière, la jeune fille décida elle aussi de se faire tatouer. Par la suite, les deux frères ont enseigné leur savoir aux Hommes qui apprécieront cet art et ne cesseront du l’utiliser.

C’est ainsi que le tatouage est né en Polynésie, depuis les deux frères Mata Mata Arahu et Tu Ra’i Po devinrent les dieux du tatouage.

LE TATOUAGE GUERRIER

Dans tous les archipels de Polynésie, le tatouage avait également une vocation de talisman. Des marques particulières étaient supposées apporter protection et pouvoir à celui qui les portait. En effet, pour les hommes, le tatouage avait une optique guerrière, utilisant des motifs hypnotiques supposés renforcer le pouvoir d’une armure. Certains symboles étaient tatoués dans le but d’affaiblir le mana (force, pouvoir) de son adversaire. On raconte que certains chefs arboraient sur le torse des scènes de batailles dont ils étaient ressortis victorieux.

Kahuna Ka Uhi Keli'i Makua tatouant à la main - illustration à l'aquarelle de Star Bolton
Divisions et significations dans la disposition des moko

MOTIFS DÉRIVÉS DU TIKI

Les corps des hommes et des femmes étaient entièrement tatoués de motifs géométriques complexes. Les motifs pullulent mais il est possible de dégager quelques grandes familles décoratives. En première place vient le Tiki, l’ancêtre déifié. On rencontre le visage du Tiki fidèlement reproduit sur l’écaille, le bois, puis il est peu à peu stylisé dans le tatouage : on n’en fait jamais une copie directe, la bouche est généralement supprimée et le haut du visage est schématisé à ne plus le reconnaitre. Tous ces traits étaient utilisés séparément : les oreilles, le nez, les yeux… ils étaient stylisés à l’extrême.

MOKO – TATOUAGES FACIAUX CHEZ LES MAORIS

Le moko est unique en son genre : le visage des Maoris était décoré de spirales qui n’étaient pas simplement tatouées, mais également incisées pour que les cicatrices mettent en valeur le motif par le relief. À l’exception des esclaves et des basses classes, tous les hommes portaient le moko, et la plupart étaient tatoués sur d’autres parties du corps. Un beau tatouage facial était l’objet d’une grande fierté pour les guerriers : ils les rendaient féroces pour les batailles. Les chefs maoris étaient capables de dessiner leurs propres tatouages faciaux de mémoire, et s’en servaient comme signature.

Tatouage des Îles Gambier
Tatouage des Îles Tuamotu

ÎLES GAMBIER 

Aux Gambier, le tatouage (appelé ko’iko) était un ornement obligatoire pour les hommes. Ils arboraient un cercle sur l’épaule qui était peu à peu noirci au fil des ans, pour finalement laisser apparaitre une croix claire en son centre.

TUAMOTU 

Le tatouage ne se pratiquait que dans la partie Ouest de l’archipel des Tuamotu. Les femmes arboraient des bandes bleues sur les épaules, les fesses, les jambes et les bras ; les mains étaient couvertes de fines marques géométriques. Quant aux hommes, ils étaient intégralement tatoués, visage compris, de motifs moins réguliers : dents de scie, lignes courbes, cercles concentriques, damiers et motifs rappelant le tressage des végétaux. Ces deux derniers étant plus spécialement réservés aux hommes qui avaient réalisé des exploits guerriers.

Exemples de dessins préparatoires puis leur application une fois tatoués sur le corps