L’INTERDICTION DU TATOUAGE POLYNÉSIEN

La tradition du tatouage polynésien existait déjà il y a plus de 2000 ans. Mais au XVIIIe siècle, l’Église Catholique décide de strictement interdire la pratique du tatouage, jugée païenne et barbare.
Cette interdiction était fondée sur le « non-respect » des croyances religieuses : la mise en valeur du corps et l’attrait sexuel que représentait le tatouage. On peut alors penser que c’est la nudité du corps, qui a pu entraîner un déclin aussi rapide et complet du tatouage. Privé de son aspect érotique, le corps désormais caché par les vêtements européens, se vit de plus en plus amputé de son rôle de distinction sociale.

LA RENAISSANCE

Il faudra attendre les années 80 pour assister à la Renaissance. Cet art perdu et plongé dans l’oubli est ressuscité. De nos jours, le tatouage polynésien est de plus en plus apprécié des jeunes polynésiens, dans cette quête d’un retour aux valeurs traditionnelles. Les peuples polynésiens ont pu retrouver leur identité. Pour certains, se tatouer est un acte identitaire et démontre une rébellion contre le mode de vie européen qui leur est imposé. La Renaissance a pour volonté de faire renaître une tradition ancienne et la preuve de leur courage.

Aujourd’hui, de nombreux tatoueurs proposent des visuels polynésiens. Certains préfèrent le côté esthétique ; au côté symbolique. Les motifs sont semblables alors que ça n’était pas le cas autrefois. L’engouement pour les tatouages polynésiens a proliféré depuis les années 1980 jusqu’à nos jours. Le tatouage est aussi devenu populaire chez les artistes de musiques rock, pop et r’n’b mais aussi chez les sportifs de haut niveau (footballeur, rugbyman…).

Retrouvez ci-dessous les Trois Mousquetaires, les artistes tatoueurs, qui ont contribué au retour du tatouage polynésien !

Chimé travaille en tant que tatoueur depuis 1986. Né sur l’île de Moorea, il est membre du Syndicat National des Artistes Tatoueurs. Dans les années 80, Chimé fait parti des premiers tatoueurs à redécouvrir les motifs polynésiens alors oubliés, il participera à la Renaissance de cet art ancestral.

Il y a 20 ans, Chimé débarque en Europe pour répandre son art polynésien. Il est le premier artiste tatoueur polynésien à faire découvrir le tatau Maori en Europe. Il devient le pilier des conventions internationales de tatouage polynésien.

Retrouvez le travail de Chimé par ici !

Laurent Purotu fait partie des quelques tatoueurs polynésiens à l’origine de la Renaissance puis de l’expansion de cette pratique.

Dès ses 7 ans, Purotu commence à se tatouer avec des aiguilles à coudre. Dans les années 1980, avec ses cousins Chimé et Roonui, ils forment une bande que l’on a surnommée « les trois mousquetaires du tatouage ». Ce sont ces mousquetaires vont réellement populariser le tatouage polynésien, avant de l’exporter partout ailleurs. Purotu pratique encore aujourd’hui le tatouage au peigne. Il confectionne lui-même ses outils. Purotu perpétue les anciens tatouages tahitiens, dont la plupart des motifs n’ont pas été répertoriés.

Dans les années 90, Purotu s’installe définitivement à Hawaï, où il mène une vie polynésienne traditionnelle. Il continue de participer aux conventions internationales de tatouage, ainsi qu’aux festivals des Arts du Pacifique.

Dans les années 1970 le tatouage polynésien avait complètement disparu en Polynésie.

Roonui a commencé à se tatouer dans la rue à l’aide d’aiguilles à coudre, avec ses amis Chimé et Purotu, alors qu’il avait seulement une douzaine d’années. Ensemble ils se tatouaient mutuellement de motifs marquisiens.

C’est dans les années 1980 qu’ils ont redécouverts les motifs traditionnels,  notamment dans les ouvrages du médecin allemand Karl Von Den Steinen.

Bientôt surnommés les trois mousquetaires du tatouage, Roonui, Chimé et Purotu sont rapidement devenus les tatoueurs polynésiens les plus réputés. Ils ont ensuite commencé à être invités dans des conventions de tatouage internationales et à exporter leur art.

C’est en 2005 que Roonui s’installe à Montréal. Considéré à l’échelle internationale comme un des grands maîtres du tatouage, il y réalise essentiellement de très grandes pièces, des corps entiers.